
Transfert de compétence au Syndicat Mixte du Grand Légué – 26 juin 2025
Christian Guyonvarc’h porte la position du groupe Breizh a-gleiz au sujet du bordereau « Transfert de compétence au Syndicat Mixte du Grand Légué »
Conseil régional de Bretagne – Session des 25, 26 et 27 juin 2025
Bordereau « Activité commerce sur le port du Légué – Transfert de compétence au
Syndicat Mixte du Grand Légué »
Intervention de Christian Guyonvarc’h,
au nom du groupe Breizh a-gleiz, autonomie, écologie, territoires
Monsieur le Président, Monsieur le Vice-président, chères/chers collègues,
C’est un fait : contrairement aux quatre autres départements bretons, même le moins maritime d’entre eux, à savoir l’Ille-et-Vilaine, les Côtes d’Armor n’ont pas de port en eau profonde. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs dès 1978 s’était constitué un comité pour défendre la création d’un port en eau profonde sur le site de Kéraret dans l’embouchure du Jaudy, sur la commune de Plouguiel, où il y a 10 mètres d’eau à marée basse. Le projet qui, à ses débuts, a fédéré 52 communes, avait été pensé par Roger Perrot, militant et élu local de l’UDB mais aussi ancien de la marine marchande au long cours. Des entreprises ont rapidement rejoint le projet, conçu comme « un quai d’une centaine de mètres de long avec un terre-plein d’environ 2 hectares permettant l’accostage de navires de 100 à 150 m à une vingtaine de minutes du rail de la Manche ». Mais par la suite le Conseil départemental fera le choix de moderniser le port du Légué à Saint-Brieuc, après avoir promis deux études comparatives… pour finalement n’en mener qu’une seule, au Légué.
Et nous voici réunis, près d’un demi-siècle plus tard, dans cette assemblée régionale, à devoir assumer les choix du passé. Faute de disposer de ce port en eau profonde dans les Côtes d’Armor, le Légué fait office de port de commerce mais, soumis aux contraintes des marées et aux conditions d’accès à son écluse, il n’a pas et n’aura jamais les caractéristiques marines requises, du moins pour accueillir les navires à forte ou même à moyenne capacité. Et par voie de conséquence, ce qui aurait pu être transporté par la mer l’est dans des poids lourds qui sillonnent notre voie express entre Brest et Saint-Malo.
Alors, bien sûr, un port au Légué, dédié au cabotage, c’est mieux que pas de port du tout. Et avec la propulsion vélique de nouvelle génération dans laquelle plusieurs entreprises bretonnes sont déjà très engagées, des ports de fond de baie au marnage puissant, comme c’est le cas du Légué, et même certains ports fluviaux pourront trouver une seconde jeunesse.
Toujours est-il qu’au regard de la réalité du trafic commercial au Légué (autour de 260 000 tonnes), des travaux récurrents et coûteux pour la Région comme le désenvasement du chenal (1 million d’euros chaque année) ne peuvent trouver leur justification qu’à condition qu’un maximum d’acteurs économiques de l’hinterland et toutes les intercommunalités qui le composent se sentent concernés et s’engagent à faire vivre ce port. C’est l’objectif que vous poursuivez en nous présentant une gouvernance renouvelée du port du Légué. Donc, la démarche aura évidemment notre soutien.
Mais on ne nous empêchera quand même pas de souligner que la collectivité départementale qui a préféré financer des travaux d’agrandissement au Légué plutôt que de considérer les avantages comparatifs d’un port en eau profonde à l’embouchure du Jaudy s’est totalement désengagée du sujet du Légué depuis le 1er janvier. Bien sûr, la loi NOTRe de 2015 peut l’expliquer, mais c’est quand même une ironie de l’Histoire. Le retard du schéma directeur sur dix ans, dont la parution était annoncée pour 2023, témoigne d’ailleurs des difficultés à positionner le port du Légué dans l’écosystème portuaire de la Bretagne.
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