
Carte pluriannuelle des formations professionnelles initiales – 26 juin 2025
Valérie Tabart porte la position du groupe Breizh a-gleiz au sujet du bordereau « Carte pluriannuelle des formations professionnelles initiales »
Madame la vice-présidente, Monsieur le président,
Pour tout dire, nous avions lors du débat sur ce même sujet l’an dernier, de sérieux doutes sur le fait de parvenir à intégrer l’enseignement agricole à ce dispositif pluriannuel. En particulier parce que cela dépendait de l’adoption d’une loi, la Loi d’Orientation Agricole, qui n’était plus très loin de devenir une Arlésienne parlementaire.
Finalement les orientations sont tombées, et notamment, c’est heureux, un objectif d’augmentation significative de 30% des places d’apprenants dans les 3 réseaux de formation initiale. Sur ce point, au moins, chacun en est d’accord, plus de personnes formées, c’est plus de candidats à la reprise des exploitations existantes ou en réponse aux besoins de salariés agricoles.
Nous relevons ensuite un élément qui pourrait au choix nous amuser ou nous consterner. A juste titre, vous évoquez la nécessité de mieux se coordonner avec les services de l’éducation nationale et la DRAAF Bretagne. Quel défi ! L’exercice auquel nous nous sommes livrés l’an dernier, et qui a donné lieu à des incongruités et des décisions peu satisfaisantes, en matière en particulier de fermetures de formations, nous a ramenés à notre réalité dans notre relation avec un partenaire- l’académie de Rennes, qui ignore le sens de ce terme « partenaire ».
2 services déconcentrés de l’Etat marqués par une culture centralisatrice qui essaient de coopérer, cela promet !
Dans ce contexte, émerge un Bachelor agro qui nous semble intéressant bien qu’encore expérimental et ouvert en trop faible quantité ; la qualification de futurs professionnels capables d’orchestrer la transition environnementale est importante, même s’il nous faut évidemment vérifier cette réalité dans le détail de cette formation. Nous alertons sur l’implantation future en Bretagne de ces futurs Bachelor. Des projets de candidatures se préparent avec l’implication de lycées publics et privés en partenariat avec des centres universitaires. Il ne faudrait pas que la concrétisation de ce Bachelor en Bretagne ajoute au déséquilibre territorial. La région Bretagne, dans sa compétence aménagement du territoire, doit, pour nous, plaider pour qu’un des Bachelors se concrétise en centre Bretagne, à Pontivy et pas comme cela pourrait se dessiner, en servant uniquement le bassin rennais.
Concernant les ouvertures concrètes qui nous sont proposées aujourd’hui, nous saluons la création de quatre CAP dédiés à la production agricole, qui répond à un besoin essentiel de recrutement de salariés agricoles. Nous prenons acte, qu’à la suite d’un recensement, les places dans les formations de niveau Baccalauréat, permettant l’obtention de la capacité agricole nécessaire à l’installation, aient été jugées suffisantes. C’est essentiel pour atteindre l’objectif de renouvellement générationnel d’au moins 1000 nouvelles installations.
Nous souhaitons également attirer votre attention sur la nécessité d’articuler, dès aujourd’hui et demain, les contrats de création et de consolidation avec les ambitions de la SRTES (Stratégie Régionale de Transitions Économiques et Sociales). Dès cette année, la formation aux métiers agricoles dispensée au sein des CAPA production doit véritablement servir la transition agroécologique, et ne pas se limiter à entretenir un statu quo de la base productive.
Concernant les lycées généraux et professionnels, 3 autres points méritent une attention particulière ;
Tout d’abord, le bordereau rappelle que 33 des 48 propositions d’ouvertures ont trouvé preneur jusqu’ici. Il s’agit donc de relancer plusieurs formations non encore prises en charge par nos lycées. 7 sur 15 seront relancés via cette délibération, mais il aurait été souhaitable de nous donner les raisons de ce ciblage. Quid des 8 autres formations ?
Ensuite, les équipes de formateurs des métiers du bois du Lycée d’Auray ont poursuivi leur travail, malgré la décision défavorable de l’année dernière. Nous les sentions déterminés, d’où à l’époque notre demande de sursis à statuer. Ils ont travaillé et fait des propositions, matérialisées par un courrier courant mars, et qui répondent à l’enjeu de certification qui était le principal argument avancé pour supprimer cette FCIL (formation complémentaire d’initiative locale). Donc la question reste actuelle : devant leurs nouveaux projets, qu’avez-vous ou allez-vous faire et dire aux autorités académiques ?
Enfin, le bordereau part sous des cieux plus poétiques avec le doux mot de “coloration” des formations. Comme nous y invitait naguère J.P. Nataf et ses Innocents, on peut tout colorer : le monde, la foule, en bleu du ciel…. Ici de manière plus concrète, il ne s’agit pas de faire évoluer les formations qu’à l’air du temps, en ne répondant qu’à de simples effets de mode, mais à de plus profondes évolutions qui font sens. Cela nous semble essentiel pour que notre offre de formation « parle » à la jeunesse bretonne.
Pour terminer, dans cette séquence sur la formation professionnelle, je souhaite évoquer aujourd’hui dans cet hémicycle les inquiétudes fortes des responsables d’organismes de formation ou structures d’insertion, avec des structures fragilisées, voire menacées, des licenciements envisagés. On pense bien sûr aux réseau AFPA, GRETA mais aussi à de plus petites structures qui “ne vont pas bien” en ce moment.
Certes, la région Bretagne a fait d’autres choix que sa voisine, la région Pays de Loire, qui elle choisit le tout libéral.
Mais le retard régional dans l’information de l’attribution de places comme c’est le cas cette année, après la CP de juillet, est inconfortable pour les responsables de formation pour préparer la rentrée.
Mais surtout les alertes que nous avons recueillis nécessitent, aujourd’hui et dans les prochaines semaines, de porter un regard plus fin sur la façon dont les arbitrages du budget formation professionnelle retentissent sur l’offre de formation et les structures, requestionner parfois la répartition des baisses de places au regard de la soutenabilité des modèles économiques de formation.
Il faudra aussi être attentif dans l’attribution de futurs marchés pour ne pas être tenté pas des offres moins-disantes, avec des opérateurs privés hors sol.
Il s’agit et nous pensons que vous le faites Madame la Vice-présidente et comptez sur notre propre vigilance, de regarder avec lucidité et attention la situation actuelle pour préserver le plus possible les savoirs pédagogiques d’acteurs ancrés dans les territoires bretons et préserver, le plus possible, le maillage de l’appareil actuel de la formation professionnelle.
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