
Les données et l’intelligence artificielle à la Région Bretagne – 25 juin 2025 (2/2)
Aziliz Gouez porte le point de vue de groupe Breizh a-gleiz au sujet du bordereau « Les données et l’intelligence artificielle à la Région Bretagne »
Bordereau « Les données et l’intelligence artificielle à la Région Bretagne – Améliorer le service public rendu aux citoyens et la compétitivité de la Bretagne »
Monsieur le Président, chères/chers collègues,
J’irai droit à l’essentiel, c’est-à-dire à la révolution proprement anthropologique que vient d’évoquer mon collègue Christian Guyonvarc’h, celle de l’IA générative.
Et pour cela, je vais me permettre de reprendre le raisonnement très efficace, je trouve, de l’historien israélien Yuval Harari.
Alors, si nous faisions s’affronter sept chimpanzés contre les sept élus du groupe Breizh a-gleiz, il est à peu près certain que nous serions physiquement terrassés.
En revanche, si les quelques 500 000 élus locaux que compte la France faisaient la guerre à tous les chimpanzés du monde, il est probable que les élus trouveraient le moyen d’avoir le dessus.
Parce que ce qui a fondé la supériorité de l’être humain depuis Sapiens, c’est sa capacité à coopérer à grande échelle en se connectant par des signes et aussi sa capacité à raconter des histoires et à produire des mythes.
Ces deux facultés proprement humaines sont aujourd’hui en partie assumées par l’IA générative.
Contrairement aux révolutions technologiques passées auxquelles on la compare parfois, telles l’imprimerie ou la radio, cette IA générative, à force d’entraînement, elle peut désormais choisir les idées qu’elle décide de disséminer, elle peut même créer de nouvelles idées et elle peut inventer des histoires.
Christian l’a dit.
Et donc, pour la première fois, nous partageons la planète avec une entité qui est en passe de devenir incommensurablement plus performante que nous dans sa capacité à connecter l’information et à diffuser des mythes.
Donc l’intelligence artificielle dans sa forme générative ce n’est pas un simple outil, c’est devenu un agent de l’histoire humaine et je crois que ça c’est fondamental de le dire et par conséquent il me semble qu’il est peut-être excessif de vouloir, comme il est écrit dans ce document, de vouloir mettre l’IA au service du bien commun. Parce que bon ou mauvais, rien n’est encore joué, nous sommes d’accord avec vous, rien n’est encore joué de façon définitive, toujours est-il que le génie a pris vie et qu’il est trop tard pour le remettre dans la lampe.
Donc en matière d’IA, ce que l’on appelle la puissance publique est une puissance bien relative par rapport au pouvoir colossal acquis par les Gargantuas de la tech nord-américain et de plus en plus chinois.
Et ceci étant dit, monsieur le conseiller régional, nous apprécions l’équilibre entre l’humilité et le volontarisme qui caractérise votre stratégie.
Vous avez parfaitement raison d’activer tous les leviers à la portée de la Région, quand bien même modestes, ils peuvent faire une différence.
Je ne vais pas tout mentionner ici, mais nous apprécions la façon dont vous mentionnez la coopération d’égal à égal avec les autres collectivités locales, la constitution de référentiels régionaux, le fait de tenir bon sur l’explicabilité des systèmes d’IA, tout cela est très important.
Nous apprécions également le fait que vous mentionniez le levier de la commande publique, Il y a en effet tout un nouveau champ à explorer pour la commande publique en matière de clauses d’encadrement des usages de la donnée et de l’IA et je suis certaine que Simon Uzenat (sénateur PS du Morbihan et conseiller régional de la majorité) saura s’en emparer.
Alors nous sommes également très sensibles au fait que vous accordiez une grande attention à la protection des données critiques et je me permets de souligner au passage que cet enjeu n’a pas forcément de rapport avec l’IA et d’ailleurs les exemples de politique publique que vous présentez dans la deuxième partie du rapport transport, tourisme, etc. relèvent plutôt de l’algorithme classique mais toujours est-il que cette stratégie pointe l’essentiel, à savoir que les données publiques c’est-à-dire les données structurées qui permettent de construire et de mettre en œuvre nos politiques publiques sont le pétrole des collectivités et qu’elles doivent rester dans le giron public et fondamentalement ce qui est en jeu c’est évidemment la question de la confiance et cette confiance entre puissance publique et citoyen c’est bien le capital fondamental que nous devons protéger par-dessus tout.
Alors en passant par un tiers de confiance ou non cela se débat, nous y reviendrons, j’en suis sûre Je me permets quand même de dire que le grand absent à nos yeux de cette stratégie c’est la culture scientifique et technique.
Nous aurions souhaité que vous puissiez travailler peut-être de concert avec Olivier David sur ces questions parce qu’il est bien évident que l’information n’est pas la même chose que la vérité, que dans le marché de l’information complètement libre et dérégulée qu’a créé Internet, les informations sérieuses, les savoirs scientifiques sont rapidement engloutis par les flux colossaux d’affabulations, de nouveaux mythes et même d’images qui sont désormais entièrement générées par l’intelligence artificielle.
Le rôle de la Région, ce n’est certainement pas de réguler le web, mais la Région a un rôle à jouer en matière de diffusion de la question de la culture scientifique.
Alors j’avais deux questions rapidement à vous poser.
Nous pensons que vous pourriez mieux assumer le tranchant géopolitique de cette politique.
Vous faites à raison un lien avec le secteur de la cybersécurité et nous demandons si cet enjeu géopolitique, la contribution à la souveraineté européenne en la matière, n’a pas sa place dans vos principes directeurs.
Ça en ferait six.
Et puis également, nous aimerions savoir comment sont actuellement hébergées les données publiques, les données de la région.
Vous parlez d’un hébergement local de main dans des infrastructures sécurisées.
Qu’en est-il aujourd’hui et comment imaginez-vous arriver à cette situation de sécurisation ?
Je vous remercie.
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