Christian Guyonvarc’h porte la question orale « Repenser le soutien de la Région à l’édition littéraire et musicale de Bretagne »  au nom du groupe Breizh a-gleiz

SESSION DES 25, 26 et 27 JUIN 2025 

Question orale 

« Repenser le soutien de la Région à l’édition littéraire et musicale de Bretagne » 

Monsieur le Président,  

La culture bretonne traverse une période très difficile comme elle n’en avait pas connu depuis plus d’un demi-siècle. Des structures historiques, qui ont permis le réveil culturel de l’après-guerre et fait la fierté de plusieurs générations de Bretonnes et de Bretons, sont en souffrance. Coop Breizh, un outil sans équivalent de diffusion des produits culturels bretons qui est né en 1957 d’une initiative de la confédération Kendalc’h, ancêtre de Kenleur, se trouve sous le coup d’une procédure de liquidation judiciaire qui laisse 13 salariés sur le carreau et de multiples éditeurs dans l’incertitude quant à leur avenir. Si des librairies se créent toujours en Bretagne, pour autant nous constatons qu’en dehors d’événements spécifiques du type festivals, les espaces de diffusion des produits culturels bretons (livres, disques…) tendent à se réduire dangereusement, ce qui menace des activités économiques mais aussi l’identité même de la Bretagne.  

S’agissant du spectacle vivant et plus particulièrement de la musique, force est de constater que l’accès aux grands médias français radiophoniques ou audiovisuels, publics notamment, est quasiment interdit aux artistes de la scène musicale bretonne. Il en a toujours été ainsi, à l’exception notable d’Alan Stivell et des Tri Yann dans les années 1970. Les musiciens et chanteurs qui s’inspirent de l’héritage musical breton avaient réussi à surmonter ce handicap en construisant un modèle économique qui reposait à la fois sur les concerts, souvent dans des lieux dits alternatifs, et la vente de supports physiques (disques, CD).  Ce modèle a été largement remis en cause par la révolution numérique et la concentration capitalistique du secteur de la production musicale et des tournées. 

La disparition de Coop Breizh va fortement affecter l’activité et l’équilibre économique des éditeurs littéraires et musicaux qui se consacrent aux autrices et auteurs et aux chanteurs et musiciens de Bretagne. L’enjeu n’est rien moins que l’avenir d’une production littéraire et musicale en Bretagne. Face à cette situation, les collectivités de Bretagne, qui portent la responsabilité de l’intérêt général, devraient utiliser tous les outils dont elles disposent pour faire connaître la production littéraire et musicale de Bretagne auprès du grand public.  

Monsieur le Président, êtes-vous disposé à repenser le soutien de la Région à l’édition littéraire et musicale de Bretagne en mobilisant non plus seulement les programmes de la politique culturelle et celui consacré aux langues de Bretagne mais de façon transversale toutes les politiques publiques de la Région qui peuvent y contribuer ? Nous pensons bien sûr à la politique économique mais aussi à la politique en faveur des lycéennes et lycéens, à la politique jeunesse, à la politique territoriale, à la politique touristique ou à la politique en faveur des mobilités car les infrastructures et les équipements de transport ont des supports de communication qui s’adressent quotidiennement au grand public. Nous pensons aussi à la politique de communication et à la participation de la Région à de multiples événements au cours de l’année où la culture a logiquement sa place comme les Rendez-vous de la vie étudiante ou la Conférence jeunesse. Etes-vous disposé à engager ce chantier transversal avec les élus et les services de la Région ?