
Le plan vélo régional en Bretagne
Le développement du vélo est dans l’air du temps. Toutes les collectivités adoptent leur plan vélo et il était temps que la Région Bretagne se dote du sien. Certes, pas encore complet, mais une première partie nécessaire. Dans les grandes lignes, nous considérons ce plan positif. Quelques commentaires tout de même en vue du second volet.
Comme souvent dans les bordereaux, on cherche à tout dire, à tout compiler. La hiérarchisation en pâtit souvent et on a du mal à percevoir quel est l’enjeu essentiel pour notre collectivité. Accélérer la pratique du vélo certes, mais loisirs ou professionnelle ? Mélanger ainsi, sans préférence, les sujets n’aident pas à identifier l’objectif politique.
Selon nous, c’est bien de report modal dont on doit parler. De fait, la mise en place de circuits touristiques vélo, même s’ils sont appréciables, nous intéresse moins que la réflexion autour de la mobilité domicile-travail. Faire du vélo le dimanche ne veut pas dire que l’on se rend au travail avec… Le bordereau le dit explicitement : 60 % des déplacements domicile-travail de moins de 5 kilomètres se font en voiture. C’est dire le potentiel possible de réduction de l’usage de la voiture. Je sais pour avoir écouté Benjamin Flohic en commission, que nous partageons la même ambition donc je ne cherche pas à faire un mauvais procès à la majorité. Néanmoins, il nous semblerait utile, outre de lister les priorités, de les hiérarchiser plus fortement.
Autre remarque : ce plan s’attache à « mettre du vélo » dans nos compétences actuelles. Lycées, zones d’activité, tourisme, formation professionnelle… Pragmatique. Néanmoins, est-ce réellement sur ces compétences que nous allons parvenir à accélérer le report modal ? Je le dis souvent concernant la gratuité par exemple : si on met des piétons dans un bus, la fréquentation va augmenter certes, mais pour un intérêt nul en terme de politique publique si nous n’avons pas réussi l’objectif d’y mettre des automobilistes ! La plupart des lycéens ne viennent pas en voiture puisqu’ils n’ont tout simplement pas le permis. Permettre qu’ils pratiquent le vélo est une excellente chose, mais on ne réduira pas le nombre de voitures sur les routes, ou marginalement. L’accès aux gares semble déjà plus utile de ce point de vue.
On le sait : le principal frein à l’usage du vélo est la sécurité. Le danger sur les routes. Nous étions, je crois, toutes et tous d’accord en commission sur ce constat. C’est donc sur ce chantier qu’il nous faudra travailler en priorité. D’autant que, moyennant une réflexion fine, nous pourrions trouver des solutions à certains de nos problèmes – je pense au ramassage scolaire en car – en réussissant à ouvrir certaines voies cyclables en milieu rural. J’ai toujours en tête l’exemple de cet enfant dont le père nous interpellait sur le fait qu’il doive passer plus d’une heure dans un bus alors qu’il habite à seulement 5 km de son établissement…
Toutefois, sans compétence voirie, nous serons obligés de discuter avec d’autres collectivités. Avec ses maigres moyens, la Région a-t-elle intérêt à s’occuper des voies cyclables urbaines ? Je ne crois pas. En revanche, sur les liaisons interurbaines, il y a un vide, un impensé. Un seul exemple : entre Kervignac et Lanester coule le Blavet ; ce fleuve est enjambé par le pont du bonhomme. Un ancien, détruit, et un nouveau. Parmi les serpents de mer qui ne se réalisent pas figure l’idée d’une passerelle vélo/piétons afin d’utiliser les deux piliers toujours debout. Malgré les demandes régulières, cette passerelle ne se fait pas pour cause de coûts trop élevés pour les communes. Pour la Région, cela pourrait passer dans le budget patrimoine. Et je suis persuadé que le département du Morbihan pourrait être intéressé. Son président, David Lappartient aurait deux raisons d’être favorables à un travail de concert avec le conseil régional de Bretagne : d’abord il est à la tête d’une collectivité riche (ce qui est rare), ensuite le président de l’UCI adore le vélo comme chacun sait ! Et il a prouvé à de maints reprises qu’il était capable de prendre de bonnes idées sur les bancs de ses opposants politiques quand celles-ci lui convenaient.
Un dernier point sur le développement d’une filière industrielle vélo. Ce point nous paraît essentiel et très positif. A l’instar des micro-brasseries, le vélo est l’une des industries qu’il est tout à fait possible de relocaliser et qui va dans le sens de nos objectifs écologistes. Fabriquer localement et réparer : une économie de service que nous appelons de nos vœux.
C’est donc un encouragement de notre part. Partant de zéro, nous ne pouvions que faire mieux ! Désormais il nous appartient de trouver les meilleurs effets leviers possible pour accélérer l’usage du vélo et réduire celui de la voiture individuelle, ce qui, nous le savons, n’est pas une sinécure !