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Retrait de l’EPCC le Pont Supérieur

Published On: 25 avril 2025Views: 32

Christian Guyonvarc’h porte la contribution du groupe Breizh a-gleiz au sujet de la décision de la Région Bretagne de se retirer de la gestion de l’EPCC Pont Supérieur.

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Retrait de l’EPCC Le Pont Supérieur – Pôle d’Enseignement Supérieur Spectacle Vivant Bretagne/ Pays de la Loire

Monsieur le Président, Madame la vice-présidente, chères / chers collègues,

Si ce bordereau est inscrit à nos travaux, c’est parce que Madame Morançais et sa majorité ont choisi, par une décision unilatérale, de retirer la région Pays de la Loire de l’établissement public de coopération culturelle Le Pont Supérieur. Nous voyons ici une des conséquences concrètes d’un choix politique, celui d’un désengagement quasi-total dans le domaine de la culture, avec un budget dédié en baisse de 62% dès 2025 et de 100% à horizon 2026, à l’exception de quelques institutions sur lesquelles Madame Morançais a la main comme l’abbaye de Fontevraud. A l’évidence, ce désengagement n’est pas motivé par les seules baisses de dotations de l’Etat aux collectivités que la loi de finances 2025 impose à ces dernières dans un contexte d’extinction de leur autonomie fiscale. En effet, les chiffres parlent d’eux-mêmes : une baisse des dotations de l’Etat à la région Pays de la Loire qui est de 30,9 millions d’euros en 2025, soit une ponction inférieure de 12 millions d’euros à celle que l’Etat applique à la région Bretagne, mais une coupe claire de 82 millions d’euros dans le budget régional. En outre, ce que Madame Morançais tend à dissimuler derrière une très intense campagne de communication dans les médias parisiens aux frais du contribuable, c’est une durée de désendettement qui s’élève à 9 ans, au niveau du seuil d’alerte, donc une gestion peu précautionneuse.

Il faut souligner que, depuis 2011, l’EPCC Le Pont Supérieur a succédé au Centre de formation des enseignants de la danse et de la musique (CEFEDEM) que les régions Bretagne et Pays de la Loire avaient pris l’initiative de créer en 2000, sous les présidences de Josselin de Rohan et de François Fillon. Madame Morançais désavoue donc la famille politique dont elle se réclame… encore… peut-être.

En outre, au moment où l’administration Trump se livre à une chasse aux sorcières dans le monde culturel aux Etats-Unis, Madame Morançais, en affirmant ainsi que la collectivité publique qu’elle préside n’a plus à soutenir la culture et ceux qui la font vivre, rompt avec une certaine tradition gaulliste. André Malraux, qui fut le premier ministre de la Culture en France, a évoqué dans un discours qu’il prononça précisément à New-York en 1962, je le cite, « l’invincible permanence de ce qui a triomphé de la mort : ce que nous appelons la culture » (*). Il est des discours qui ne vieillissent pas et qui trouvent une résonance nouvelle dans les temps que nous traversons où les valeurs humanistes vacillent sous les coups de butoir de l’argent-roi et de la démagogie.

S’agissant précisément de ce désengagement de l’EPCC Le Pont Supérieur, la décision politique de Mme Morançais revient aussi à rompre un pacte de coopération territoriale avec les communes et les intercommunalités de sa propre région administrative puisque c’est à ces dernières que le législateur a donné compétence sur les enseignements artistiques initiaux. Madame Morançais considère que la formation initiale et continue de celles et ceux qui délivrent ces enseignements artistiques dans les communes n’est plus son affaire. C’est une conception bien singulière de l’aménagement du territoire, pourtant compétence majeure des régions, une conception qu’on pourrait dire « hors sol » et qui sacrifiera d’abord les territoires ruraux.

L’acte ainsi posé par la présidente de la région administrative voisine est donc un acte éminemment politique.

Et la Région Bretagne se trouve ainsi mise devant le fait accompli. En conséquence, vous proposez à notre assemblée, Monsieur le Président, Madame la vice-présidente, de prononcer un retrait de la Région Bretagne avant le 1er avril pour ne pas avoir à exposer notre collectivité aux risques juridiques et financiers d’une dissolution.

Notre groupe peut comprendre cette approche prudentielle, dictée par un souci de bonne gestion, mais nous voulons surtout retenir du bordereau ceci  :

« L’engagement financier de la Région Bretagne à l’EPCC sera toutefois maintenu dans la mesure des missions que l’établissement sera à même de poursuivre. Il prendra la forme de subventions. » Et :

« Par ailleurs, le Conseil régional confirme son attachement au Pont supérieur, au service rendu aux activités culturelles et aux personnes en formation (…) Il entend se mobiliser pour trouver toutes les voies permettant de maintenir ou développer en Bretagne l’offre de formation existante. »

L’intention ainsi affichée ne doit pas être une pétition de principe, il faudra qu’elle se concrétise. Car la Bretagne a besoin de maintenir une offre de formation supérieure dans les métiers de l’enseignement artistique, une offre qui puisse rester accessible à tous les niveaux de revenus. Nous attachons également de l’importance au devenir des enseignants et des personnels administratifs du Pont supérieur dont l’emploi est en jeu.

En outre, puisque la Ville de Nantes et l’Université de Nantes sont déjà des partenaires de la Région Bretagne au sein de l’EPCC Le Pont Supérieur, puisque notre assemblée a voté de multiples motions en faveur de la réunification administrative de la Bretagne, et puisque la composition même du Conseil culturel de Bretagne reflète une prise en compte de la Loire-Atlantique dans l’approche de la culture qui est celle de la Région Bretagne, il est tout aussi nécessaire d’intégrer le territoire de la Loire-Atlantique dans la recherche des partenariats qui permettront, pour reprendre vos mots, « de maintenir ou développer en Bretagne l’offre de formation existante ». C’est le motif de l’amendement que notre groupe a déposé.

Bien entendu, nous souhaitons que notre assemblée soit tenue régulièrement informée des démarches que vous-même, Monsieur le Président, et votre exécutif engagerez pour qu’il en soit ainsi. Et à cet égard, nous soutenons la demande de Madame Guilloré au nom du groupe Nous La Bretagne.

L’organisation de l’offre d’enseignement supérieur est une compétence de l’Etat. Celui-ci, en tant que premier financeur du Pont Supérieur, doit répondre présent après le désengagement de la région Pays de la Loire. Mais nous aurons d’autant plus de chance de le convaincre de maintenir son niveau d’implication si, dans la construction d’une alternative à l’EPCC, la Région Bretagne sait réunir à ses côtés un maximum de collectivités et d’universités bretonnes, dont celles de la Loire-Atlantique.

(*) extrait d’une allocution prononcée en 1962 à l’occasion des 50 ans de l’Institut français de New York.

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